A l’époque de Netflix ou des écrans TV géants, quelques drive-in sont toujours en activité aux USA. En route pour une soirée particulière.
Aux Etats-Unis, tout est dimensionné pour la voiture. Un réseau de routes à quatre, six ou huit pistes largement développé, des banlieues couvertes de centres commerciaux et de parkings à n’en plus finir, et même des cinémas pour les voitures…
Le drive-in dans lequel nous nous rendons ce soir est l’un des 300 survivants de la grande époque: on en comptait plus de 4500 sur tout le territoire américain dans les années cinquante. Et celui-ci, le 99in, a gardé une grande partie de ses installations originales.
Le guichet d’entrée, c’est un peu comme un poste de péage, on paie 10 dollars par personne et ensuite on va trouver une place de parc. L’évolution des voitures est ainsi: désormais on parque le véhicule à l’envers, on ouvre la porte du coffre et on s’assied dedans.
Le son du film est diffusé sur la FM, il est ainsi possible de la capter dans l’habitacle en branchant la radio sur la longueur d’ondes donnée par le vendeur à l’entrée. En théorie, c’est tout simple, mais dans la réalité, quand on est novice, c’est un peu plus compliqué…
Tout d’abord il faut bien positionner la voiture de manière à ce que le coffre ouvert ne cache pas la vue des spectateurs placés derrière nous. Notre voiture de location en a justement un qui remonte beaucoup et qui indispose nos voisins. De nombreux visiteurs ont un pick-up, ce qui simplifie beaucoup les choses. Les habitués sortent des chaises pliables, des couvertures, voire des sacs de couchage, on est parfois plus près du camping que du drive-in.
Ensuite, il faut lutter contre la lumière. Et bien évidemment, lorsque l’on cherche à brancher la radio, les phares s’allument et font apparaître en pleine lumière le visage courroucé des voisins qui nous avaient déjà un peu à la mauvaise à cause du coffre. Les phares s’éteignent rapidement, mais pas aussi vite que la colère de la voisine, qui tient à venir nous exprimer son état d’esprit. Après une dizaine de « sorry, we are so sorry », elle semble rassasiée et s’en retourne à son pick-up.

Ça tombe bien car le film va bientôt commencer et il nous faut aller acheter à manger dans la cabane qui sert de snack-bar. On y commande un bidon de pop-corn -on peut choisir avec ou sans supplément de beurre fondu par dessus- un hot dog ou un « pretzel », et quelques boissons non diététiques ou de l’eau.

Il s’agit maintenant d’aller s’asseoir au fond du coffre, en évitant soigneusement de laisser tomber la nourriture dans la voiture de location, ou, pire encore, d’allumer par erreur une lumière quelconque. Mais cette fois tout est prêt, nous avons raté les bandes annonces, mais nous sommes parés pour le film. Nous écoutons la bande son grâce aux haut-parleurs lointains et à la radio portative de nos voisins, notre véhicule ayant décidé d’éteindre la radio par respect pour sa propre batterie. Il subsiste encore entre chaque place de parc des poteaux d’un mètre de haut, dont s’échappent deux fils. A l’époque, des petits haut-parleurs étaient placés à la hauteur des vitres des véhicules.

Le film commence et plus rien ne bouge. un chien affectueux se promène d’un véhicule à l’autre, tandis que sur l’écran, Ferris Bueller passe une folle journée. Un film de 1986, suivi de Grease, qui date de 1978… encore un voyage dans le temps dans notre voyage dans le temps… mais c’est un hasard, le cinéma passe également Minions 2, qui vient de sortir.
Après les cinémas, les chaînes de fast-food ont repris le concept du drive-in, et, tout récemment, les centres de test Covid s’y sont aussi mis…
Personnellement, je préfère le cinéma.
